Groupe de résilience – Otium

1 December 2018

Bienvenue!

Ici vous retrouverez les résumés de chacune des séances hebdomadaires. N’hésitez pas à les relire juste avant la séance suivante afin de permettre au mieux la continuité du processus. Bonne lecture et bien à vous tous-tes!

 

« La résilience c’est l’art de naviguer dans les torrents, la capacité à réussir, à vivre et à se développer »

Boris Cyrulnik, Médecin, Psychanalyste, Psychiatre, Scientifique.

 

 

3.5

 

Personnes présentes : Michel, Farah., Stéphane, Sara, Sylvie, Françoise

Personnes excusées : Giovanne, Isabelle

 

Des bonnes nouvelles

Farah commence la séance en partageant sa bonne nouvelle : l’immunothérapie est terminée pour elle ! Elle était très contente, et cela a suscité une grande joie au sein du groupe.

Françoise, elle aussi, reçoit la bonne nouvelle qu’elle est en rémission. Néanmoins, pour Françoise le rendez-vous avec son oncologue, qu’elle rencontrait pour la première fois, n’était pas facile. Premièrement il n’a pas entendu qu’elle souffrait de fatigue. Deuxièmement, il ne lui a pas laisser le temps d’accueillir la nouvelle. Troisièmement, elle a eu des récidives de par le passé et le médecin n’a pas répondu à certaines questions qu’elle avait sur ce point-là. Françoise a donc eu une réaction de contre-choc car elle appréhendait ce rendez-vous depuis 6 mois, et qu’elle ne savait pas trop comment recevoir la nouvelle, qui lui parut si abrupt. Elle ne sait pas la manière dont cette nouvelle va impacter sa vie et sa place au Centre Otium. Le groupe a réagi de différentes manières :

  • Michel dit que même en rémission, l’anxiété perdure car l’on n’est pas guéri, donc il comprend Françoise. Il termine néanmoins en disant qu’il faut profiter de la bonne nouvelle : « être en rémission c’est quand même mieux que d’être malade ! »
  • Farah se réjouit pour Françoise, la rassure en disant qu’elle aura « toujours sa place à Otium, et lui fait part d’un conseil : être vigilante par rapport à ce sur quoi elle porte son attention : la culpabilité (qui « ne sert à rien ») vs des choses qui aident.
  • Sylvie, elle, encourage Françoise à profiter de l’ici-maintenant et de questionner cette voix qui se soucie de tout et de rien.

 

Un regard biomédicale

Michel vient aussi de faire quelques tests médicaux car son cas est « hors statistiques. » C’est à plusieurs reprises qu’il se sent choqué de l’attitude médicale qui le considère comme une statistique, mais il arrive de plus en plus facilement à accepter cette approche réductionniste. Farah, elle aussi, va bientôt faire des tests de « patiente 0. » Stéphane répond avec véhémence que pour lui la recherche scientifique est essentielle et il ne considère pas du tout ces tests offensant mais apprécie qu’ils fassent avancer la science !

 

Maladie vs vie ou maladie & vie ?

Michel partage également que la maladie c’est la vie, et que les deux ne sont pas séparés. Sara réagit fortement à ceci car si elle pouvait ne pas venir à Otium ce serait mieux. Elle continue en disant que la maladie à ses côtés positifs, comme de profiter de l’instant, mais c’est aussi très stressant et difficile de vivre « l’incertitude perpetuelle. »

Stéphane se réjouit de pouvoir venir au centre Otium en tant qu’aidant plutôt qu’en tant que malade, une fois libéré de son épée de Damoclès. Pour lui, la maladie c’est une expérience qui marque, et de laquelle il souhaite apprendre pour ne plus faire les mêmes erreurs qui l’ont mené à la maladie. Sylvie questionne l’idée de pouvoir même identifier les facteurs qui auraient causé la maladie, et Stéphane est d’accord que ce n’est pas une simple affaire. Il va ensuite s’assoir dans le spa avec Sara et les deux se prennent la main.

Stéphane souhaite néanmoins apprendre du trauma, sans l’oublier. Sylvie dit que pour elle la mémoire cellulaire de la maladie n’est pas positive ! Je me pose donc la question : y aurait-il certains aspects de l’expérience de la maladie sur lesquels il faut capitaliser pour grandir en sagesse, et d’autres qu’ils vaudraient mieux oublier ? Plutôt qu’oublier, je dirai « ne pas renforcer, ne pas encourager. » Faites vos listes d’expériences bénéfiques et contraignantes dans vos parcours respectifs !

Pour information, Sara et Michel seront absents pour la séance du 10.5, Mi., lui, pour une petite opération à l’hôpital.

 

 

12.4

 

Personnes présentes : Mi., Fa., Gi., Fa., St., Sa., Sy., Is., Ma

 

Une rencontre au monastère

Sa. ouvre la séance et proposant une sortie de groupe au monastère Bouddhiste du Salève. Elle partage qu’elle prie à la déesse Tara et appel à son aide pour protéger St. Elle souhaiterai créer des opportunité d’échanges et des expériences bénéfiques à la guérison, tel qu’au monastère, car c’est un lieu propice à la guérison. J’interprète aussi que pour Sa. c’est une volonté de prolonger les bons moments passés au sein du groupe, suggestion avec laquelle elle est d’accord.

 

Le processus de groupe

Cette invitation de Sa. et St. mène Is. à se demander « comment les gens se rencontrent » ? Elle exprime ceci en faisant part d’un certain « inconfort » et un « malaise » car elle se sent décalée, probablement car elle est arrivée plus tardivement que les autres participants. Plusieurs réagissent spontanément à cette exclamation, dans cet ordre :

  • Fa. et Sy. Réponde rapidement en voulant rassurer que Is. fait bien partie du groupe
  • St. souligne l’importance de la remarque d’Is. et souhaite aller à l’encontre de l’intention de rassurance des autres
  • Mi. note l’importance du temps pour connaître les individus, les groupes
  • Je prends un temps pour exposer les différentes réactions de chacun, pas qu’il y en aient certaines meilleures que d’autres, mais d’identifier les schémas réactionnels de chacun et chacune. Ceci est un des éléments centraux du groupe de résilience :

o comprendre quelles sont nos habitudes relationnelles,
o abandonner celles qui nous aident pas,
o cultiver celles qui nous avancent par rapport à notre bien-être et nos buts.

Pour Mi., la « vrai vie elle est là, sans masque. » St. partage qu’il avait de la peine avec les propos de Sy. au départ, mais grâce au silence, il a pu cultiver le non-jugement et apprécie maintenant Sy. enormément. Fa. est d’accord et dit à quel point elle apprécie la capacité intellectuelle de Sy. Sy. répond que dans ce groupe, elle ressent une énergie qui est partagée et renforcée par chacun, qui n’est pas intellectuelle, et qui donne de la force.

 

Que cherche-t-on dans le groupe de résilience ?

Ma., ayant donné un préavis, quitte le groupe aujourd’hui et explique les raisons de son départ. Il va mieux et il a développé des projets en dehors du groupe de résilience. De plus, il était venu pour parler de la maladie, du vécu, des difficultés et trouver des réponses. Il ne trouve pas d’intérêt particulier à partager des problématiques privées, et ne se positionne pas sur ces dernières. Il n’y trouve par conséquent plus sa place dans le groupe.

Gi., qui ce jours-là elle ne sentait pas bien, répond que pour elle, la résilience c’est trouver une autre manière de se positionner, trouver une manière de se « rapprocher de soi. » Elle explique également qu’elle déplore la quantité de partages personnels. Elle ne voit pas la place que ceux-ci ont dans ce groupe.

Plusieurs réactions ont été présentées face à ces partages. Mi., Fa., St. expliquent, chacun à leurs manières, qu’il est nécessaire d’avoir quelques éléments personnels pour avoir matière à discuter de nouvelles perspectives. De plus Mi. dit que s’il va mieux au niveau personnel, cela aura un impact direct sur sa maladie, et qu’il ne voit pas ces sphères d’expérience (la maladie et les situations personnelles) comme séparées.

Je résume les trois niveaux de résilience, qui précisent aussi les buts du groupe :

  1. Au niveau 1, Lorsqu’on a pas du tout de résilience et que l’on se fait submerger par la difficulté, il s’agit d’écouter avec bienveillance et patience.
  2. Au niveau 2, on recherche des techniques, des solutions, des réponses spécifiques aux problématiques et l’on se bat pour y arriver.
  3. Le dernier niveau de résilience c’est celui que Gi. a mentionné, celui de l’intégration de nouvelles perspectives. Ce dynamisme et ces attitudes d’inclusion et d’acceptation sont transformatrices, et révèlent des pistes, des compéhensions et de l’apaisement dans sa vie. Cette dernière étape c’est la réelle transition du stress post-traumatique à la croissance post-traumatique, de la maladie à la guérison.

Je confirme donc que pour accéder à quelconque étape de la résilience, il est nécessaire d’aborder les difficultés personnelles, et se positionner là où en est la personne lors de son partage afin de permettre les meilleures chances d’évolution, de transformation et de guérison.

 

 

 

 

29.3

 

Personnes présentes : M., Fa., G., F., St., Sa., S., I.

Personne(s) excusée(s) : Mau., F.

 

Départs

Je commence la séance en expliquant mes échanges récents avec Mau. Il va quitter le groupe car il ne sent plus que les échanges subviennent à ces besoins et intérêts. Il a beaucoup bénéficier de ses premières séances où les discussions étaient plus focalisées sur la maladie en elle-même. Toutefois, au fur et à mesure des séances nous avons ouverts des réflexions sur d’autres champs d’expériences et de ressentis qui ne lui conviennent plus. Mau. a néanmoins exprimé sa gratitude pour ce qu’il a pu prendre, et beaucoup de bienveillance envers tous les membres du groupe. Il viendra pour la prochaine séance le 12.4 pour clore son parcours.

Fa. a suivi en expliquant qu’il souhaitait, lui aussi, quitter le groupe. Sa situation a beaucoup évolué car son traitement à maintenant un impact positif et sa perspective se prolonge sur du plus long-terme. En particulier, Fa. a mentionné sa relation « bizarre » avec le temps, et son besoin d’avoir un début et une fin claire par rapport à ce type de travail. Sa. ressent que le groupe offre un espace de liberté afin que chacun puisse terminer en fonction de ses besoins. Les partages de Fa. ont suscité de nombreux retours et réflexions, incluant le sens que chacun trouve dans ce groupe de résilience.

 

Réflexions sur le groupe de résilience

G. décrit le groupe comme une béquille émotionnelle qui l’aide à « affronter le reste », à prendre du temps pour poser ses émotions et mieux comprendre les autres. Ceci lui permet d’enrichir ses opinions et manière de percevoir la maladie et la vie. Pour M., ce lien avec la vie, au-delà de la maladie, est essentiel. Comme dans une conversation en dehors du groupe, il se retrouve bien dans la diversité des thèmes abordés.

S. explique que le groupe est une pratique, une conscience de soi à travers les autres. Cela lui permet de se distancer de ses difficultés et de se sentir comprise. Le groupe lui a aussi été d’une grande ressource malgré la distance temporelle et physique qui la séparé du groupe lorsqu’elle était récemment absente. Elle livre au groupe que « ce qui nous uni c’est la qualité de conscience. » G. renchérit en disant qu’elle s’importe peu de la quantité de jours à vivre, mais c’est plutôt la qualité de vie qu’elle recherche. M. conclut en disant que cela est très important pour lui car c’est ce sur quoi il peut agir.

I. avait préalablement participé à des séances de groupe. Toutefois, elles ressemblaient plus à un déballage de son sac, à broyer dans ses difficultés, qu’à un réel ressourcement. Dans ce groupe, elle sent qu’elle est vraiment en lien avec les autres. Ce contact intime et personnel elle le cherchait depuis longtemps. Elle le vit comme faisant partie intégrante de son traitement. Après le groupe quand elle rentre chez elle, elle rentre mieux, plus légère et positive. I. demande ensuite à Fr. comment elle va car elle la ressent un peu diminuée. Fr. parage qu’elle aurait de la difficulté à s’imaginer sans le groupe. Actuellement elle est beaucoup dans l’émotionnel. Elle allait à une deuxième enterrement le lendemain du groupe et des problèmes de santé liés à l’arthrose se présentent. Elle souhaite néanmoins une belle continuité à Fa.

Sa. ressent le besoin de travail personnel, de prendre conscience et de parler de ses émotions. Cela lui permet d’être plus au clair dans sa vie quotidienne et de prendre de bonnes décisions. Au travers des vécus des autres, elle souhaite aussi mieux comprendre ce que vit St.. St. recherche également de pouvoir appliquer ce qu’il entend et comprend dans ces séances du groupe à l’extérieur. Ce qui l’intéresse encore plus fortement c’est « l’organicité du groupe. » Le fait qu’il n’y ait pas d’agenda le rend curieux et excité de voir ce qui va surgir, voir la manière dont la plante, qu’est le groupe, va continuer de grandir et évoluer.

 

Conclusion

Nous passons un bref coup de fil à Farah, qui est à l’hôpital pour une opération, et que plusieurs membres du groupe saluent. Pour faire hommage à Fa., je souhaite conclure avec un de ses partages : « on a des ressources phénoménales. »

 

 

8.3

 

Personnes présentes : Mau., M., Fa. (à distance), G., F., St., Sa.

Personne(s) excusée(s) : I., Fr., S.

 

 

Retrouver des parties de soi

G. et M. partagent que leurs cheminements les refont découvrir des parties d’eux-mêmes de leur enfance. En particulier, G. retrouve une aise dans son vécu émotionnel avec ses rires et ses pleurs ainsi que d’autres parties qu’elle aurait inhibé suite à son ‘éducation.’ St. ajoute qu’il a également été victime d’un « formatage » qui ne lui convient plus. M. s’en « fou » de plus en plus, et s’en « réjouis. » Il ressent une joie de vivre et une légèreté qui le rapproche de lui-même.

 

Je mentionne la dialectique à laquelle on est constamment confronté, c’est-à-dire, être soi-même et maintenir son sentiment d’appartenance avec les autres.

 

 

La difficulté d’aider

Sa., elle, partage sa frustration que d’être en contact avec soi-même nécessite du temps. C’est un équilibre difficile car il y a beaucoup de chose à faire au quotidien. St. réagit avec beaucoup d’émotion expliquant qu’il a besoin de changer de rythme, et que sa santé en dépend. M. l’encourage à prendre les mesures nécessaires pour ce faire. Néanmoins, ce n’est pas une situation facile car, tout ce que St. ne fais pas, retombe sur les épaules de Sa. Avec de la perspective, St. explique que pour lui la priorité qui dépasse ses propres préoccupations c’est leur fille.

F. nous explique ensuite certains éléments qu’elle a vécu avec le décès de son père au cancer. Elle ne savait pas qu’il était malade car ce n’avait pas été partagé avec les enfants. Cela a été difficile d’aider son père. Les défis étaient différents que pour Sa., mais sa relation d’aide avec son père était complexe dû au fait que la maladie n’avait pas été dévoilée ouvertement par exemple.

 

 

 

1.3

 

Personnes présentes : S., Mau., M., Fr., I., Fa., G.

Personne(s) excusée(s) : Sa., St., F.

 

 

Administration

J’ouvre la séance en présentant les éléments dans le courriel envoyer au groupe le 24.2 avec les dates et détails des séances suivantes. En résumé, un courriel allait être envoyer au group pour décider si

  • la séance du 22.3 allait être déplacée au 25.3 ou 26.3 de 13:15-14:45
  • les séances de Pâques (19.4 & 26.4) allaient avoir lieux

Il s’agit aux participants de s’inscrire en ligne ou de m’envoyer un courriel pour que je confirme/annule ces séances.

 

 

Curiosité

Je propose à chacun-e, en un mot, de partager un mot sur leur ressentis présents. G. décrit qu’elle est curieuse. Pour elle la curiosité c’est comme la vie, et son manque comme la mort. I. rejoint complètement G, expliquant que la vie sans curiosité c’est triste. La curiosité permet d’enrichir et d’apprendre à se connaître.

M. se sent très fatigué, et pense beaucoup à la maladie. « Elle est très présente, trop présente ! » comme une curiosité exacerbée et destructrice, lourde et épuisante. De plus, ces pensées le dévalorise et mènent à la culpabilité. G. le rejoint en disant qu’on est « responsable de la maladie ».  Je mentionne le soutra du Bouddha des 2 flèches, ou l’un de ses disciple se plaint de plaint de sa souffrance et le bouddha lui explique que la plainte est une 2ème flèche, supplémentaire à la 1ère flèche intrinsèque à l’existence. Cette histoire permet à S. de relâcher un gros poids, et de voir ses symptômes présents au moment même de manière transformée, neutre et bienveillante. De plus, elle exprime plus tard qu’elle se pose la question de la mémoire du corps qui subit tous les traitements et à des « blessures de guerres. »

G. regrette de ne pas s’être « prise en main, prise par la main. » Sa culpabilité est encore forte. J’ai exprimé à quel point j’étais ému par la compassion dont G. faisait preuve envers elle-même quand elle parlait de se prendre par la main. Je voyais comme une petite fille qui se faisait aider, aimer par son entourage bienveillant.

Pour Fa., dans sa première intervention au sein du groupe, la responsabilité de la maladie n’est que partielle. Il dit que nous ne sommes pas devenus malade volontairement. Les traitements de chimios et immunos n’ont pas fonctionnés. Il a maintenant un nouveau traitement et il vient de terminer le programme de Pleine Conscience – il se sent mieux !

Il voit aussi la maladie comme un parcours d’opportunité. Il s’accusais beaucoup mais maintenant il tend vers « l’étoile au loin », cette lumière qui éclair son chemin. Il essaye de se sensibiliser aux signaux du corps.

M. explique que c’est difficile de changer ses schémas, le poids qu’on rajoute aux choses. C’est une habitude de plus de 50ans ! Néanmoins, il a confiance qu’il a « pris le meilleure chemin. »

 

Soi d’abord

Fr. explique qu’elle comprend tout ce qui se dit, mais que cela ne lui parle pas du tout. Elle avait son ami en fin de vie et cela lui prend beaucoup de son attention. Elle se donne beaucoup plus de place pour s’écouter elle-même dans ses ressentis qu’elle ne l’aurait d’habitude. C’est une nouvelle démarche, avec laquelle elle se surprend elle-même. Je souligne à quel je trouve ce auto-valorisation essentielle pour Fr., qui voudrait toujours voulu être disponible aux autres, mais qui s’accorde ici son importance également. Je fais le lien avec ce qu’I. expliquait la dernière fois qu’elle a joyeusement répété : « cette année, je m’offre de la bienveillance envers moi-même, et s’il en reste pour les autres, tant mieux ! » Fr. est également moins vindicative par rapport aux nouvelles difficiles de son ami qui va très mal. Elle arrive beaucoup plus à accepter et à avoir de la distance.

 

 

 

22.2

 

Personnes présentes : S., St., Sa., Mau., M., F., Fr., I.

Personne(s) excusée(s) : Gio.

 

 

La force du groupe

Fr. ouvre la séance en partageant une nouvelle avec laquelle elle ressentait de la colère depuis 2 jours. Son ami, diagnostiqué du cancer, va très mal. Néanmoins, le jour de la séance, Fr. sentait qu’elle arrivait à accepter cette difficulté, se rappelant d’un moment en particulier où ils étaient juste les deux, sans façade, authentique. St. réagit également et félicite Fr. du peu de temps qu’elle a mis pour voyage d’une réaction de colère à une réponse d’acceptation.

En partageant la nouvelle avec le groupe, Fr. a pu se libérer d’un poids qu’elle ressentait sur la poitrine. Je rebondis sur la capacité à Fr. de partager sa nouvelle d’entrée de jeu, avec confiance. Elle explique qu’elle a besoin d’un temps pour s’accommoder au groupe qui grandit, à faire confiance aux autres. F., elle, peut faire confiance au groupe maintenant, « quel que soit les gens qui rentre. » Elle se sent libre de partager ses ressentis et vis ceci comme des « petits miracles. »

 

 

La place de la colère

St. explique qu’il vit actuellement des soucis avec les voisins. Ceci lui demande un effort considérable pour transformer ces émotions, commençant par la colère, virant vers l’acceptation et terminant en voyant les aspects bénéfiques de la situation. Je souligne que ce sont les 3 étapes de résilience, et que le groupe travail à les intégrer. Elles culminent par une adéquation parfaite avec les évènements, externes et internes, qui surgissent dans la vie quotidienne.

Pour Mau., « la colère ne résoud rien. » Il a eu des expériences très différentes avec ses deux fils. Avec le premier il est rentré dans des jeux de pouvoirs, des punitions et de la répression, et il ressentait beaucoup de colère. Cela lui fait subir beaucoup de chocs psychologiques, et fait le lien que ces derniers auraient un rôle à jouer dans la maladie du cancer. Avec le deuxième fils, sa stratégie était très différente. Il s’y est attelé avec calme, et il a décidé de communiquer tranquillement. Les résultats étaient bien meilleurs ainsi.

Revenant sur l’impact des chocs psychologiques sur le système immunitaire, S. cite le « Kintsugi », une pratique zen ou il s’agit de recoller les cassures d’un bol avec de l’or. Il s’agirait ici de sublimer les difficultés, travailler sur les émotions, afin de pouvoir rétablir l’équilibre. F. explique qu’elle n’a pas le choix que d’écouter son cancer, que de mettre « de l’or dans toutes les petites fêlures, » et chercher ce qui est constructif. Je remarque la forte avancée de F. qui subissaient beaucoup de difficultés au début de son parcours, et qui, maintenant, semble plus prendre possession de son monde émotionnel et se focaliser de manière pragmatique sur ce qui va l’aider.

 

 

Une première

I., pour la première fois présente au sein du groupe, partage son historique de la maladie et ses différentes réactions. Elle a vécu 3 cancers :

  • Avec le premier elle se demandait ce qu’elle avait fait. C’était un cancer du sein qu’elle vivait comme une catastrophe. Elle en a conclu que ces questionnements n’étaient pas utiles, et que de toute manière, il n’y avait pas de réponse.
  • Pour le dernier, elle s’est dit, intuitivement, que ce serait, dans le bon sens du terme, « l’année du changement. » En effet, elle a vécu beaucoup de changement, tant au niveau médical que personnel. Cette année, elle s’est déterminée vers plus de bienveillance pour elle-même, et « s’il y en a encore pour les autres, ok ! »

 

 

La loi de l’attraction

Sa. décrit la logique selon laquelle on aurait une forte influence sur ce qui nous arrive. Elle mentionne comme exemple qu’elle avait imaginé un compagnon quasi-identique à St., qui est maintenant son mari. Aujourd’hui, elle se projette vers un futur avec plus d’indépendance, de liberté et d’apprendre des valeurs à leurs fille qui diffère des valeurs du matérialisme. F., elle, à de la peine à se projeter dans 3 jours, 3 semaines, 3 mois. Elle a été critiquer par sa mère et se sent coupable de ne être à la hauteur des attentes que sa mère à d’elle. Elle partage sa vulnérabilité, comme le fait que sa mère est l’unique personne qui arrive à la « pulvériser en 3 phrases. » Elle fait part de beaucoup d’émotion, et fini par faire des blagues, et tous nous faire rire. L’écoute du groupe l’aide à virer de ressenti.

 

 

 

Séance du 15.2.19

 

Personnes présentes : S., St., Sa., Mau., M., F., Fr., Gio.

Personne(s) excusée(s):

 

Différentes étapes

F. raconte avec de grands sourire et beaucoup d’humour que son opération s’est bien passée. Malgré qu’elle soit encore en traitement (radiothérapie et immunothérapie), elle est soulagée et c’est beaucoup facile qu’avec la chimio. Pour M., cela lui rappelle les différents cycles de la maladie : maladie, traitement, rétablissement, rechute, etc. Je note la difficulté du vécu de M.

 

 

Emotions

M. explique en riant que son oncologue n’est pas empathique par rapport à ses sentiments de détresse. Il considère ceci comme dangereux car cela peut susciter une perte de confiance. En même temps, il en rit parce qu’il est bien conscient que son oncologue ne peut pas accueillir cette détresse. Je suis éblouit de voir que M. arrive à en rire alors que c’est une situation difficile pour lui. Mau. Décrit que malgré que ce soit également difficile pour lui de ne pas ressentir plus d’empathie de de la part de son chirurgien, il « préfère quand même un bon mécano. »

G. ressent les rires et les larmes comme deux facettes émotionnelles de la même pièce. Ce sont des « ajustements », des manières de faire face aux défis. En particulier, G. mentionne la difficulté qu’elle à être une statistique et dit qu’elle n’est « pas un numéro ! » Le groupe de résilience l’aide se sentir soutenue, à la motiver à « vivre mieux, vivre l’instant. » C’est pour elle une perspective différente ou elle ne valorise plus autant la longévité de la vie, mais sa qualité. Dernièrement, G. explique que le regard des autres ne l’intéresse plus, et se demande si elle s’accepte plus ? Je suis frappé par la force des changements qui se présente pour G.

St. sent que l’expression de ses émotions parfois l’aide à se décharger, comme avec son oncologue avant la séance. A d’autres moments, il fait un « stop mental », quelques instants de Pleine Conscience, où il se « prends dans les bras ». Sa. aime cette idée et essaye également de se recentrer. Elle aura souvent tendance à s’exprimer dès que quelque chose la frappe. Entre elle et St., c’est plutôt elle qui se laisse aller et St. qui essaye d’être « diplomatique » (même si avant la séance, avec l’oncologue, c’était plutôt l’opposé !).

Fr. a reçu une date pour des rendez-vous médicaux en mai 2019. Cela lui suscite un peu d’appréhension car elle va changer d’oncologue, se replonger dans le récit des maladies qu’elle a eu.

 

Conclusion

S. termine la séance sur ses apprentissages grâce au groupe. Elle explique qu’elle est de moins en moins identifiée à ses ressentis. Elle arrive à en prendre une certaine distance. Elle n’est pas ses pensées ou sa tristesse. Quand elle arrive à réaliser cela, « c’est jouissif ! ». J’applaudit ce cheminement. Je conclue en remerciant tous les membres du groupe d’avoir communiqué avec respects, écoute et bienveillance.

 

 

 

Séance du 1.2.19

 

Personne(s) excusée(s) : F.

 

Changements

« D’une semaine à l’autre ça change beaucoup ! » s’exprime M. remarquant qu’il avait plus de difficultés à gérer la situation cette semaine que la semaine dernière. Les résultats sanguins qu’il a reçus ont poussé son oncologue à lui proposer de reprendre la chimiothérapie. Cette nouvelle « remet les choses à plat » et lui rappelle la finitude de la vie. Il a l’impression qu’il doit recommencer sa démarche sur lui-même à zéro.

 

Rythme

Concernant le changement de rythme de vie que la maladie lui a imposé, M. exprime qu’il a du « plaisir à ralentir ». En comparant son rythme de travail passé et son rythme de vie actuel, il se sent beaucoup mieux aujourd’hui. G., quant à elle, se sent plutôt coupable de ce changement de rythme puisqu’elle a l’habitude d’en faire beaucoup. Jusqu’à présent, elle avait le « sens du devoir » mais s’attèle à ne plus suivre cette voie. Dorénavant, si elle a des choses à faire et qu’elle ne désire pas les faire, elle se rebelle et ne s’en occupe pas ! Elle se souvient, par exemple, de son père qui disait « le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt ». Maintenant, G. ne se lève tôt que si elle en ressent l’envie. Un questionnement surgit concernant la place du stress qui gravite autour de la maladie du cancer. M. et G. pensent que le stress est la cause de leur cancer.

Pour St., le ralentissement modifie la notion du temps. Il reprend la formulation de S. qui expliquait que, pour elle, la maladie apportait une plus grande conscience de soi et de l’observateur. La qualité même du temps a changé. St. sent qu’il vit davantage dans la Pleine Conscience, et non au ralenti. Il a plus de plaisir à faire ce qu’il fait et souhaite offrir ce cadeau à Sa. Sa. ressent que « c’est un beau cadeau ». Toutefois, elle exprime sa tristesse d’embarquer St. dans son rythme rapide.

Mau avait gardé un certain rythme de travail durant ses traitements. Il le vivait plutôt bien. Pour d’autres choses, c’est avec sa femme qu’il a des difficultés de rythme. Il vit cette différence de rythme avec elle comme un décalage. Il en fait moins et se sent, par conséquent, moins fatigué. Il s’applique davantage aux tâches qu’il réalise. « Il faut se réorganiser » exprime-t-il, expliquant qu’il a revu ses priorités.

Je propose que cette réorganisation se fasse également au niveau du sens que l’on donne aux activités et à la vie. Pour Sa., un changement de valeurs implique de reconsidérer sa propre histoire et le regard des autres. Par exemple, les valeurs d’éducation de Sa. pour sa fille proviennent directement de la manière dont sa mère l’a éduquée. Le regard de sa mère la rend coupable. Elle se sent redevable envers sa mère. Fr. pose la question suivante : « va-t-on être redevable à sa famille toute sa vie ? »

 

Séance du 25.01.19

 

Prises de décisions

St. explique qu’il a refusé, de son propre chef, de se faire opérer. Cela a bien été soutenu par Sa. qui comprend sa logique : deux médecins chirurgiens étaient d’opinion à ne pas opérer.

Mau. décrit que lorsqu’il a entendu le diagnostic c’était comme un choc : « les autres sont malades », pas nous. Il évolue ensuite dans son processus et décide que « la vie continue » en restant proche de son appareil photo et continuer à travailler. Il se questionne si ce serait peut-être du déni ? Je propose que l’interprétation que l’on donne à nos réactions peuvent difficilement être déterminée de manière unilatérale, et qu’il est plus utile de remarquer l’impact de ces dernières : sont-elles constructives ou destructives ?

 

Fragilités

M. partage sa vulnérabilité face à mon partage de la semaine précédente ou je mentionnai mon enseignant qui était malade. La description lui suscitait des tensions, mais ce type de rappel surgis régulièrement dans la vie quotidienne. Il souhaiterai « que ce soit neutre », plus facile à vivre. St. quant à lui souhaiterai ressentir pleinement ces tensions et pouvoir admettre qu’elle le rappelle une partie de son histoire. Je reformule de manière très schématique, les deux stratégies de résilience ici (voir résumé du 11.1) : vouloir que les sensations soient neutres c’est le 2ème niveau, et de les intégrer pleinement comme faisant partie de son être c’est le 3ème niveau. Il ne s’agit pas ici de meilleure/moins bonne stratégie, mais de choisir celle qui s’adapte au mieux à nos besoins dans l’instant.

F. fait part de son expérience douloureuse chez un médecin qui la manipulait tout en parlant au téléphone. Elle sentait comme si c’était un robot qui l’auscultait, et comme le médecin parlait du cancer du pancréas F. pensait à M. tout le long.

Parenthèses de vie

Fr. a vécu plusieurs annonces de maladie, et les perçoit comme des « parenthèses de vie » qui ne l’empêche pas d’avancer. 4 ans, 10 ans, 20 ans après ses différentes maladies, malgré le temps qui a passé, elle reste hypersensible. Elle a donc beaucoup de gratitude pour Otium, le groupe de résilience et ceux qui la soutienne. Beaucoup de réactions différentes surgissent du groupe par rapport à la symbolique de la parenthèse.

  • Pour S. la maladie n’est pas une parenthèse, elle la dévie totalement de sa trajectoire. Elle ne veut pas être dans le déni mais faire de son mieux pour accepter avec Pleine Conscience.
  • Sa. explique que l’attitude qu’elle a dépend de l’intensité de la difficulté, mais que ce n’est pas, pour elle non-plus, une parenthèse.
  • St. à son tour explique que pour lui une parenthèse implique de mettre de côté. Néanmoins la maladie engage tellement de chose en lui et autour de lui constamment que ce ne peut pas être une parenthèse. Il s’agit pour lui de faire quelque chose de la maladie.
  • G. ressent qu’elle n’est « plus la même », et que d’accepter n’est pas facile. Elle résonne avec les fragilités mentionnées précédemment qui se maintiennent pour elle aussi, ainsi que la perception que les autres ont d’elle qui a changé. Ces changements sont des énormes deuils, et elle souhaite « faire la paix » avec elle-même.

 

Ne plus être le/la même

M. réagit à la difficulté que vit G. en expliquant que, pour lui, « ne plus être le même c’est bon. » C’est comme une forme d’affranchissement, un renouveau : « on en fait moins » mais il exprime ceci avec beaucoup de joie et un grand sourire. St. poursuit ce cheminement et parle de développement de compétence. Depuis de longues années il souffre d’hémiparésie qui l’a mené à avoir de l’acceptation et penser différemment. Par exemple, il voit moins les choses comme bonnes ou mauvaises mais plutôt comme des possibilités et il essaye de tourner les difficile en plaisant. Cette capacité de penser autrement est devenu une partie de son identité, de laquelle il est fier, et cela l’aide.

S. parle de notre groupe comme étant « les pinçons de Darwin », qui évolueraient grâce à la maladie. Plutôt que de changer de couleur ou de s’envoler, le groupe développerai de nouvelles compétences qui feraient évoluer l’humanité.

F., pour sa part, vu le nombre de médecins et infirmières qu’elle a rencontré, se sent heureuse de penser qu’elle n’a eu que 2 cas difficiles. Elle est à la recherche « de choses constructives » car elle n’a pas de temps et de ressources à perdre avec autre chose. Elle voudrait arriver à accepter et faire au mieux avec ce qu’elle a.

Je conclus en me réjouissant de ressentir, alors que c’est la première séance au complet, le respect, l’écoute et la bonne entente au sein du groupe.

 

 

 

Séance du 11.01

Personne(s) excusée(s) : M., S., St.

Nouveau participant : Mau.

 

Présentation du groupe de résilience

Je commence la séance par expliquer la notion de résilience suite à une question de S. Je mentionne qu’il existe 3 niveaux de résilience :

  1. La non-résilience : confronté à un évènement, une situation, une pensée, une émotion ou une sensation difficile et perturbante, on se sent submergé, impuissant et incapable de faire face.
  2. La résilience : la capacité de répondre à la difficulté, de faire face, de se battre et de se positionner afin de ne pas se laisser surpasser ou submerger par la situation.
  3. La prosilience : la perception et le ressenti de la difficulté comme une opportunité et une étape bénéfique de développement. Ici, la situation est instantanément métabolisée, en grande partie par l’acceptation, l’optimisme, la cohérence des valeurs et l’ajustement perpétuel du sens qui surgit de l’expérience donnée.

 

Décès

Fr. partage qu’elle a vécu 2 décès récemment, qui sont encore très difficiles à accepter. L’exprimer au groupe la soulage. St. explique qu’il a également vécu le décès de son cousin, duquel il était proche. Cet événement a fait surgir des questions sur sa propre finitude, et deux leçons particulières :

  1. Il faut profiter de la vie : c’est une chose que son cousin faisait. Dès lors, profiter  de chaque instant devient aujourd’hui une manière de l’honorer.
  2. On a de la chance : le fait d’être encore en vie et d’avoir gérer les difficultés jusqu’à présent est un cadeau.

Dans le cas de M., son associé est décédé pendant qu’il était en Thaïlande. Son associé atteint du cancer, avait beaucoup bataillé. M. sentait que malgré tous ses efforts, il n’avait pas vraiment trouvé le sens, la spiritualité. Pour M., cela renforce sa volonté de travailler sur lui-même. De cet événement, il en retire qu’il faut vivre pleinement l’instant présent.

La relation

Sa. me demande d’évaluer ma capacité à faire face aux difficultés relationnelles, plus particulièrement mon niveau de résilience dans ce contexte-là. Je lui réponds que je suis « brillant », offrant une réponse humoristique qui met en avant la notion l’amour de soi et son importance. Je m’exprime sur mon passé psychiatrique, en tant que malade, et explique que j’ai également beaucoup de problèmes relationnels. Cela ouvre une nouvelle perspective à plusieurs membres du groupe, rassurante. Cela augmente leur volonté de partage grâce à une horizontalisation des relations entre les participants et moi-même.

Mau. évoque la douleur de ne pas se sentir reconnu ou accueilli quand il rencontre son chirurgien. Pour lui, le contact humain et la manière d’annoncer des nouvelles (celle du cancer par exemple) sont importants. Ces bonnes compétences ne sont pas destinées qu’aux professionnels. S. se rappelle de situations où ses infirmières ne se rappelaient pas de son nom. St., lui, se souvient avoir vu le médecin se décomposer en face de lui, incapable de tenir un discours habituel lorsque que St. A dit à son médecin que sa femme était enceinte. Il explique qu’il aurait préféré avoir « un mur » en face de lui, un « garagiste » ou un « technicien » qui sait bien faire son travail sans montrer d’émotion. Certains membres suggèrent que les professionnels qui ne s’impliquent pas émotionnellement ont de bonnes raisons, telles que se protéger ou respecter le principe de confidentialité. Je pose la question suivante au groupe : n’existe-t-il pas un juste milieu entre la technicité extrême du garagiste et le sentimentalisme exacerbé ?

 

 

 

 

Séance du 21.12

Personne(s) excusée(s) : M., S., St.

Partage

F. exprime sa difficulté à vivre les évènements familiaux récents. Elle explique devoir faire le deuil de la séparation entre sa sœur et son beau-frère. Elle aimerait également dire « merde » à sa mère face à sa réaction à la séparation et à sa maladie (se positionnant comme victime principale dans les deux cas). Alors que les fêtes arrivent, F. peine à envisager le déroulement de celles-ci. Néanmoins, F. ajoute des notes d’humour qui allègent son intervention.

Les fêtes

Fr. affirme, avec encore plus de conviction que la séance précédente, qu’elle ne passera pas le 24 avec la famille de son frère. Elle a pu discuter directement avec son frère à propos des menaces violentes de son neveu envers elle, et le manque de compréhension et de soutien de son frère. Depuis, elle se sent plus calme et « même Z. le ressent », car il vient à nouveau se poser à côté d’elle !
S. se pose beaucoup de questions sur l’origine de « la folie de consommation » de Noël, sur « l’obligation d’être heureux » et sur la nécessité de « faire comme tout le monde ». Pour S., l’impératif immédiat est de survivre.
En termes de célébrations de Noël, S. s’octroie le droit de dire « non » depuis longtemps. Elle ne se force pas à se mettre dans une position vulnérable en acceptant de passer un moment en famille avec le père de sa fille.
Je mentionne, pour ma part, que les moments en famille à l’occasion de ces fêtes ont davantage le sentiment de rencontre sociale que de partage de valeurs. D’ailleurs, beaucoup de concepts liés à ces fêtes me sont difficiles à vivre, tels que la culture de consommation anti-écologique (la quantité accrue de plastique, l’instrumentalisation de la nature avec les sapins, l’achat de cadeaux matériels face aux considérations psycho-émotionnelles, etc.).

Dates importantes

S. se rendra à sa dernière immunothérapie le 27.12, qui marquera la fin des traitements prévus. Elle explique, avec du recul, qu’elle avait très peur au début (ne pesant que 45 kg et se sentant proche de la mort). Elle ne pensait pas passer un 2ième Noël après son diagnostic, en particulier à cause des chimiothérapies extrêmement violentes. S. a néanmoins réussi à surmonter les épreuves et termine son récit en disant « qu’on est plus fort qu’on ne le pense ». Avec un grand sourire, elle confirme qu’il y a une grande différence entre les fêtes de Noël 2017 et 2018.

Fr. a une opération prévue le 15.01, et F. le 28.01.

F. & S. échangent sur des éléments plus spécifiques et techniques du cancer tels que les soins possibles et apprécient d’avoir cet espace de discussion.

Conclusion de 2018

Nous terminons avec une méditation plus longue qui comprend des pensées bienveillantes et chaleureuses à M., S., St. ainsi que quelques instants de gratitude pour ce que nous avons vécu en groupe ensemble.

Séance du 7.12

Personne(s) excusée(s) : M.

Bienvenue à Sa.

Nous souhaitons la bienvenue à Sa., qui nous rejoint pour sa première séance. Chacun des membres l’accueille chaleureusement. Sa. explique qu’elle souhaiterait mieux comprendre comment les autres vivent avec cette maladie. Elle aimerait également partager certaines de ses craintes, comme par exemple vouloir être malade « à la place de » son mari. Cette dernière affirmation montre qu’elle se fait beaucoup de soucis pour lui et qu’elle est prête à prendre sur elle afin qu’il souffre moins.

« Bonjour, comment ça va ? »

La question banale « Bonjour, comment ca va ? » peut prendre différentes significations et mener à diverses réactions lorsqu’on traverse des  périodes difficiles.

  • Sa. : « ils ne tiennent pas à moi » ;
  • Fr. : « ça leur fait peur ». Le fait d’être confronté à une personne en difficultés susciterait chez l’autre une anxiété difficile à vivre ;
  • St. : « ça leur fait peur » et/ou « je n’ai pas le temps » ;
  • S. : « je veux te voir souffrir ». En se disant que d’autres sont dans un état moins bon que le sien, cela nous permettrait de se sentir mieux. S. pense à sa fille et au fait qu’elle pourrait avoir peur du décès de sa mère (S.). Dès lors, elle n’expose pas sa fille à sa propre souffrance. Par moments, il s’agit de « porter sa fille » et de retrouver son rôle de mère. À d’autres moments, elle peut être plus authentique. Je souligne la danse possible entre les différents rôles (par ex. avoir son rôle de mère et/ou de personne atteinte d’un cancer) selon les personnes avec qui elle se trouve, selon son humeur et celles des autres, selon les événements de la journée, etc.

Prendre soin de soi, prendre soin des autres

Encouragement de Fr. à Sa. de prendre du temps pour soi. Sa. explique qu’elle pourrait prendre du temps pour elle en modifiant son quotidien en fonction. Elle pense qu’elle pourrait ressentir du bien-être à le faire. La discussion se prolonge sur ce thème et plusieurs personnes mentionnent que prendre soin de soi est une manière de prendre soin des autres.

Séance du 30.11

Personne(s) excusée(s) : S.

Introduction

Je débute la séance par quelques éléments pratiques :

  • Reprise possible des séances le 11 janvier 2019. À la suite de travaux prévus jusqu’au 22.01, Françoise propose très généreusement d’accueillir la séance du 11.01 dans son appartement. Le lieu de la séance du 18.01 reste à définir.
  • Sara Adenot a demandé à rejoindre notre groupe. Sa participation a été validée avec enthousiasme par tous les membres du groupe. Certains membres ont souligné la générosité de S. d’ouvrir ce lieu qui lui est intime et ressourçant. M. a mentionné qu’il discute régulièrement avec des personnes non-atteintes du cancer et qu’accueillir un(e) proche est tout à fait adapté à la séance. Cela permettrait de développer l’ouverture de soi dans un cadre bienveillant.

Émotions

Je commente sur les émotions qui pourraient surgir à différents moments de la séance, envers soi-même, envers des personnes mentionnées ou envers des personnes présentes. J’encourage l’ouverture de soi afin d’accueillir dans ce groupe toutes les parties qui nous composent. S. propose de travailler à l’atténuation/l’inhibition des réactions spontanées afin de développer de nouvelles habitudes d’écoute et de compréhension. J’explique qu’il s’agirait plutôt, pour certains, d’exprimer ces réactions spontanées puisqu’ils ont pris l’habitude de les réprimer.

2 nouvelles

F. partage avec le groupe deux nouvelles difficiles auxquelles elle a fait face cette semaine : un décès et l’annonce du divorce de sa sœur et de son beau-frère. Elle est encore très affectée par ces événements, surtout par la séparation. Cette nouvelle est « une batte de baseball dans la figure ». Elle ne souhaite pas prendre parti puisqu’elle est particulièrement proche de son beau-frère. Elle ressent notamment de la colère envers sa sœur et sa mère qui, d’après elle, seraient une des causes du divorce.
S. mentionne qu’« on ne choisit pas sa famille mais qu’on peut choisir ses amis ». F. s’y « retrouve complètement ». F. tient beaucoup à son beau-frère et partage sa tristesse avec le groupe. Selon elle, le divorce aura des conséquences sur les enfants et également sur l’ensemble de la famille puisqu’ils étaient le socle familial.
M. explique qu’il a déjà fait le deuil de la perte de ce socle familial à Genève et qu’il ne se sent dès lors pas affecté. Il comprend néanmoins que ce soit très difficile pour F. M. a pu remplacer ce contexte familial manquant grâce à l’entourage de sa femme en Thaïlande. C’est la raison pour laquelle il va en Thaïlande pour la période des fêtes.
Fr. mentionne qu’elle a aussi été contrainte de couper des liens familiaux et qu’elle se sent convaincue de ses choix. Aujourd’hui, elle peut compter sur son chat Z., ses amis, Otium et le groupe de résilience.