Le succès de la Pleine Conscience en entreprise

8 novembre 2016

Les pratiques contemplatives – la pratique de la Pleine Conscience ou du mindfulness en particulier – sont accueillies par un nombre croissant d’entreprises en Suisse et en France. Cela fait plusieurs années déjà que je travaille au sein d’entreprises, tant avec les collaborateurs qu’avec les équipes de direction ou encore les étudiants MBA du Trinity College à Dublin. Le constat principal est que, en cette ère digitale, le recentrage et la connexion avec soi-même sont essentiels.

Ces pratiques sont souvent présentées aux entreprises comme des outils visant à être moins stressé, plus concentré et plus efficace. Il est vrai que l’art de la Pleine Conscience atteint ses résultats. Toutefois, plusieurs dimensions essentielles, aussi riches pour l’entreprise que pour les hommes et femmes qui y travaillent, sont oubliées. Il est démontré que ces pratiques permettent la justesse dans la prise de décision, une connaissance de soi plus affinée, et le développement de la capacité à mieux “prendre soin” de ses collègues et de ses collaborateurs de façon bienveillante.

 

UNE PRATIQUE: DIVERSES CONSEQUENCES

Cette dernière dimension est particulièrement cruciale pour l’harmonie collective au travail et l’épanouissement de chacun. Or, l’entraînement à la bienveillance est régulièrement oublié, et ce même parmi les professionnels, sous la fausse supposition que la capacité à “prendre soin” des autres se développe naturellement avec la pratique de la Pleine Conscience.

Mon programme intitulé « Contemplaction pour Avocats », soutenu par l’Ordre des Avocats de Genève, inclut ces pratiques de bienveillance, dont l’effet est remarquable. Les avocats, selon une étude de John Hopkins (1995), réussissent leur carrière grâce à leur faculté de prévoir les problèmes, de critiquer et de rejeter la faute sur la partie adverse. Cette méthode nuit à leurs ressentis ainsi qu’à leurs relations avec leurs collaborateurs et leurs familles. La pratique de la bienveillance leur permet de redécouvrir une qualité relationnelle imbibée d’intérêt et de bienveillance, qui, à son tour, permet de meilleurs résultats.

Les recherches du Professeur Davidson de l’Université de Madison (USA) et d’Antoine Lutz, aujourd’hui à l’INSERM à Lyon, ont montré qu’entraîner son esprit à la bienveillance mène à des changements fonctionnels et structuraux du cerveau et du comportement. Les travaux en cours de Tania Singer, Institut Max Planck de Leipzig, indiquent que la pratique de la Pleine Conscience ne suffit pas à augmenter les comportements pro-sociaux, à l’inverse, de la pratique de la bienveillance qui les augmente de manière spectaculaire.

 

DES ENTREPRISES INNOVANTES

En intégrant la pratique de la Pleine Conscience bienveillante dans son ADN, l’entreprise renforce ses chances de créer des liens humains forts et harmonieux. En déployant des initiatives de grande ampleur intégrant cette dimension et l’art du mindfulness pour cultiver le bien-être, l’harmonie collective et la confiance, certaines entreprises telles que Sodexo ou la MAIF ont bien compris l’importance de cette pratique. Même si ce n’est pas leur motivation première, elles savent que ce sont des facteurs essentiels pour une performance durable.

 

UN ENJEU EGALEMENT SOCIETAL

Ce sujet nous tient particulièrement à cœur puisque l’enjeu, au sein des entreprises, n’est pas uniquement individuel ou collectif. Cet entraînement à la bienveillance est aussi la clé d’un engagement altruiste plus marqué des entreprises face aux défis sociaux et environnementaux actuels, notamment la perte de sens, la pauvreté extrême et la crise environnementale. Il détermine un engagement libéré de la pression du public ou de l’Etat, nourri par une détermination forte à inventer de nouvelles formes de business et de nouveaux produits et services répondant à ces enjeux.